POUR UNE PREMIERE APPROCHE D'UN RECIT DE LA CREATION
Faire une première lecture du tout début du livre de la Genèse, le premier livre de la Bible, qui commence par un récit de la Création qui est, pour les juifs comme pour les chrétiens, un texte fondateur essentiel.
Pour cette première approche, nous essayons de nous rendre disponibles à un texte qui a près de 3000 ans. Pour cela, laissant de côté nos questions, nous nous demanderons sur quoi il insiste, ce qui y revient et comment il fonctionne.
Une première lecture
Pour une première lecture, vous vous rendrez d'abord attentif à la "musique" du texte : l'impression que vous ressentez ; ce qui vous surprend, ce qui vous retient, ce qui vous gêne. En lisant la Bible, il est essentiel de voir comment elle résonne en nous : un croyant a la conviction que Dieu s'adresse à lui à travers cette lecture, à travers ce qu'il en reçoit. Prenez donc l'habitude de vous dire vos réactions au texte : plaisir, résistance ou simple "bof" ? A quoi avez-vous réagi : qu'est-ce qui vous a gêné, qu'est-ce qui vous a attiré ?
Second temps : questionner le texte :
Après nous être rendu sensible au texte, posons-lui quelques questions :
- Le tout début : un début est toujours soigné, surtout quand il s'agit d'un texte qui se veut d'importance. A votre avis : que veut dire l'auteur en commençant ainsi ? Quel effet veut-il créer ?
- Les insistances : des mots, des expressions reviennent presque à chaque nouvelle création, notez-les :
- Dieu dit... : Dieu crée par sa parole.
- et cela fut ainsi... : et cette parole est efficace
- Dieu appela... : Dieu nomme ce qu'il crée
- Dieu vit que cela était bon... : et la création est bonne. Pour l'homme, il est même dit que Dieu vit que cela était très bon : ce n'est pas une vision pessimiste. S'il en est ainsi, cela ne peut qu'avoir des conséquences sur notre vision du monde.
- il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le Xème jour... : cette phrase rythme le texte comme un refrain, répondant au Dieu dit... de chaque nouvelle opération de création.
- D'autres insistances du texte : moins fréquemment, mais de façon remarquable, le texte insiste aussi sur d'autres expression : Dieu sépara..., ...selon son espèce... Ces deux types de notation ont un point commun : elles nous indiquent que ce récit de création porte le souci de la différence : pour les auteurs, la création appelle la diversité.
Construction du texte : quelques remarques
- L'extrême liberté de l'auteur biblique : le rythme répétitif avec ses refrains fait penser à un poème.
- La rigueur du texte : les répétitions sont constantes, mais dans un ordre très étudié, et il n'y a pas place pour de nombreuses fioritures. Cela nous appelle à être attentifs à l'ordonnancement du texte et à ses ruptures. Dans cette perspective, nous constatons que le seul moment où le rythme change, c'est lors de la création de l'homme. Il faut donc y être attentif.
La création de l'homme
Pour la première fois, Dieu parle avant de créer l'homme et il exprime son intention à son égard : "Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre." (verset 26) Après cette entrée en matière solennelle, la relation de la création retourne à la sobriété habituelle, mais deux répétitions lui donnent un accent particulier :
- "Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu,
- il créa l'homme et la femme." (verset 27)
Dieu ne crée pas seulement l'homme, mais l'homme et la femme, à son image. Et Dieu les bénit en leur donnant mission d'être féconds, de se multiplier et d'être maîtres de tout ce qui va et vient sur terre.
Après cette première trop brève approche...
...nous constatons que si nous examinions vraiment le texte en détail, il y aurait beaucoup à en dire. Toutefois, cette première lecture de la Bible témoigne que ce qui caractérise le récit parcouru, c'est avant tout de nous dire des choses essentielles sur les relations entre Dieu et sa création, entre Dieu et l'homme. La façon dont le texte met en valeur cette dernière relation nous dit que là est son message essentiel et que c'est donc sur ce sujet qu'il faut l'interroger, bien plus que sur le "comment" de cette création.
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