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Immédiatement après les deux premiers chapitres de la Bible, consacrés aux récits de la création du monde et de l'humanité, homme et femme, voici le récit du péché des origines (le "péché originel").En lisant le second récit de la création (Genèse 2), on voit que les auteurs du livre de la Genèse insistent sur le lien entre les textes de la création de l’homme et de la femme ainsi que celui du péché des origines, puisque des indications nécessaires à la compréhension de ce dernier apparaissent dès le chapitre 2 (le texte des deux chapitres apparaît ci-dessus). Il faut donc se demander pourquoi les auteurs bibliques nous demandent de ne pas séparer textes de la création et du "péché". Mais dans un premier temps, lisons simplement Genèse 3
- Le serpent (v.1) : seule indication : il est "le plus rusé" des animaux des champs, et le texte n'éprouve pas le besoin de le présenter. Mais si on compare sa parole avec la prescription de Dieu en Genèse 2, verset 16, on voit qu'il ment : Dieu n'a pas interdit de manger les fruits des arbres, puisqu'il y a au contraire invité. Seul, l'arbre de la connaissance du bien et du mal reste interdit. Normalement, ce mensonge doit alerter le lecteur... ainsi que la femme, et leur faire comprendre la vraie nature de cette proposition.
- La tentation (v.4-6) : après l'objection de la femme, l'invitation du serpent devient plus insistante et il démasque sa vraie nature : ce qui est en jeu, c'est que l'homme se fasse dieu : il ne s'agit pas seulement de manger d'un fruit ou d'avoir la connaissance, mais de se faire dieu comme Dieu. Alors que nous venons juste de lire les récits de la création, voici que la créature veut devenir comme le créateur.
- Malaise de l'homme (v.7-13) : la conviction des auteurs bibliques est qu'après avoir désobéi à Dieu, l'homme (la femme) ne peut plus se sentir bien, même ce qui lui était naturel lui devient insupportable et source de malaise. A cet égard, la relation à Dieu est significative : le sentiment de culpabilité rend l'homme peureux face à Dieu. Au passage, notons que la façon dont le récit nous montre chacun renvoyant la faute sur l'autre est un chef d'oeuvre de justesse !
- La sanction (v.14-24) : ce n'est pas la mort et ni l'homme ni la femme ne sont maudits. Pour ceux qui sont habitués à la rudesse de certains textes bibliques, cela peut paraître étonnant. Autre élément à noter : la "sanction" ne touche pas seulement l'homme ou la femme concernés, mais toute l'humanité à venir. Ce que nous dit ce texte, c'est que toute l'humanité souffrira de la faute d'Adam et d'Eve.
Elle est définie de façon précise : l'homme mangera son pain à la sueur de son front. C'est dire qu'il est touché dans ce qui est vital pour lui ; quant à la femme, elle est atteinte dans ce qui lui est le plus spécifique la maternité. En fait, le péché - la désobéissance à Dieu - a changé leur condition. Alors que le chapitre 2 reflétait l'harmonie de la création, tout en elle est maintenant blessé, à cause du péché : péché des origines ou péché originel, ce nom n'est pas usurpé.
Nous pouvons relever quatre convictions qui traversent le texte de Genèse 3 :Ces convictions rencontrent l'expérience profonde de l'homme : chacun, chacune de nous peut en mesurer la vérité. Occasion de se sentir en profonde solidarité avec l'homme pécheur que décrit la Bible.
- C'est à cause du péché que la souffrance est entrée dans le monde,
- Le péché change la condition de celui/celle qui le commet,
- Plus encore, ses conséquences touchent toute l'humanité,
- Mais la présence du serpent nous invite à croire que l'homme (ou la femme) n'est pas seul responsable du mal : sa responsabilité est d'y consentir, de pactiser avec lui.