LE LIVRE DE JONAS : PREMIERE APPROCHE

Aujourd'hui, nous lirons un livre entier de la Bible : le livre de Jonas. Ce n'est pas le plus court mais il fait quatre brefs chapitres. A travers lui nous nous demanderons comment découvrir le message que veulent faire passer les auteurs bibliques. Et en disant cela, le croyant voit toujours le ou les hommes qui ont fait oeuvre d'écrivain, inspirés par l'Esprit du Seigneur pour dire une parole de vie fondamentale aux hommes et femmes d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
Après nous être rendu ouvert(e) et disponible au texte, nous lisons l'ensemble. Souvenez-vous que pour plus de confort, vous pouvez redimensionnez la fenêtre en déplaçant la barre centrale qui divise l'écran. Il suffit de pointer la souris sur un endroit de la barre, d'enfoncer le bouton de la souris et de déplacer.

Questions après une première lecture

Félicitations : vous avez lu un livre de la Bible en entier ! A travers lui, le croyant entend des choses fondamentales pour sa vie et ce à quoi il est appelé.

• Le genre du texte : à la lecture du texte, quel statut lui donnons-nous : livre d'histoire, poème, récit scientifique, conte oriental..?
• Quelle fonction donner à chacun des chapitres ?
• A travers le texte, comment Dieu est-il dépeint ?
• Quel message les auteurs veulent-ils faire passer ?
• Ce livre fait partie des livres prophétiques, comment décrire le prophète à partir de la figure de Jonas ?

Le genre du texte

Ce livre prophétique se présente sous la forme d'un récit suivi. Mais divers indices : l'histoire du ricin par exemple, "l'humour" de Dieu, sans parler de l'épisode du poisson où toute une tradition a vu une baleine, nous suggèrent que la forme adoptée est celle du conte oriental. C'est une première leçon : à travers le conte, il est possible de dire la Parole de Dieu, c'est-à-dire des choses importantes sur Dieu et sur l'homme.
Cela nous invite à réfléchir sur ce qui fait l'essentiel du message biblique : il traite avant tout des relations entre Dieu et l'homme, ainsi qu'entre les hommes (et femmes) entre eux.

La fonction des divers chapitres

• Le chapitre 1 introduit la mission de Jonas : annoncer à la grande ville païenne (ce qui veut toujours dire non juive dans la Bible) qu'elle doit se convertir pour ne pas périr. A priori c'est une mission difficile et que le prophète refuse : il fuit. Etonnamment, le texte insiste beaucoup sur l'action des matelots lors de la tempête. Presque étonnament, ils semblent répugner à se débarasser de Jonas une fois qu'ils ont "reconnu" que c'est à lui qu'ils doivent la tempête. En outre, quand la tempête s'apaise, le texte nous les montre vénérant le Seigneur et lui offrant un sacrifice. Par contraste, l'attitude de Jonas auparavant paraît encore plus négative.
• Le chapitre 2 est presque exclusivement consacré à une prière de Jonas. C'est donc un appel au lecteur à lui accorder du prix. Cette très belle prière dit à la fois la supplication, la louange et, à travers la capacité de Jonas à une telle action de grâce alors qu'il est prisonnier d'un poisson, témoigne d'une très belle confiance en Dieu. Cette dimension doit d'autant plus frapper le lecteur qu'il se souvient que Jonas s'est montré jusqu'ici rebelle à Dieu.
• Le chapitre 3 relate l'accomplissement de la mission de Jonas : cette fois-ci il fait ce que le Seigneur lui a commandé et le résultat est immédiat. Le lecteur ne peut qu'admirer la façon dont les habitants de Ninive se repentissent et font pénitence de leur méchanceté. Des détails littéraires savoureux accentuent encore le fait, ainsi le jeûne s'étend même aux bêtes, gros et petit bétail : elles doivent elles aussi se couvrir de sacs - signe de pénitence ou de deuil - et mugir vers Dieu ! Encore une fois, le souvenir de la répugnance de Jonas à accomplir sa mission met en valeur l'obéissance à Dieu de ces païens dont on pourrait se demander qu'attendre de bon.
• Le chapitre 4... est tout simplement délicieux. A travers l'humour dont témoigne l'histoire du ricin, c'est toute la miséricorde de Dieu qui est mise en exergue, sa proximité avec chacun. La pitié et l'intérêt du Seigneur pour la mauvaise humeur de Jonas, la façon dont il amène le prophète à prendre conscience de la compassion de Dieu pour toute créature peuvent paraître des fables, ils n'en témoignent pas moins de ce qu'est Dieu envers l'homme. On note que le chapitre paraît presque inachevé, en tout cas sans conclusion. A travers cela, on s'aperçoit que l'essentiel pour les auteurs est bien de dire à travers cette histoire quelque chose sur Dieu : quand l'intérêt de Dieu pour ces "païens" a été souligné, la fin de l'histoire n'importe plus...

Dieu dans le livre de Jonas

Sans doute n'est-il pas besoin d'en dire beaucoup plus. A travers ces quatre chapitres, c'est tout l'amour du Seigneur pour les hommes qui transparaît, d'autant plus qu'elle vient d'un Dieu dont tout le texte a souligné la toute-puissance. En définitive, ce qui domine, c'est que le Seigneur Dieu ne peut en aucun cas se désintéresser de sa créature, même si elle multiplie les actes de mauvaise humeur ou la méchanceté : la miséricorde est toujours possible, et le retour vers Dieu appelle toujours son pardon.

Cette affirmation est d'autant plus frappante que le bénéficiaire de cette miséricorde est ici un peuple de païens, et qu'on voit bien la résistance du prophète. A travers ce livre, les auteurs bibliques affirment déjà que l'amour de Dieu n'est pas limité à son peuple mais s'ouvre à l'universel. Que les auteurs bibliques aient ainsi pris conscience d'une réalité pas toujours facile à admettre est impressionnant.

Le prophète dans le livre de Jonas

Sa mission est difficile et on voit le prophète la redouter. Dans la Bible, le prophète n'est pas celui qui prédit l'avenir, mais celui qui parle aux hommes de la part de Dieu, annonçant ainsi à ceux qui font le mal que cette situation est intolérable pour Dieu, ou rappelant à ceux qui sont dans la désolation que Dieu ne les oublie pas.
C'est donc une mission difficile et qui se termine souvent mal : annoncer aux hommes et femmes que ce qu'ils font déplaît à Dieu est rarement bien accepté... et le prophète le paie souvent. Dans la Bible, le prophète n'est pas celui qui parle de façon désincarnée, mais il s'engage toujours de toute sa personne.

Parole de Dieu

Avec cette première brève approche nous entrevoyons la richesse théologique d'un livre bref et apparemment sans grand relief. La légèreté et l'humour de quelques-uns de ses détails nous permettent aussi de constater qu'ils n'empêchent la Bible d'être toujours une parole sur Dieu et sur l'homme, sur ce qu'il est et ce qu'il pourrait être. C'est pourquoi jamais la Bible n'est pour le croyant simplement un livre d'histoire (ou d'histoires) ; elle est parole qui résonne de façon toujours vivante et actuelle selon ce qu'il est et ce qu'il vit : le Seigneur lui parle.

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