DAVID ET BETHSABEE : PREMIERE APPROCHE

Ces deux chapitres sont parmi les plus célèbres de la Bible. Ils mettent en scène David, roi d’Israël et de Juda. Alors que la Bible nous présente David comme un « roi selon le cœur de Dieu » (1er livre de Samuel 13,14), non seulement il va ici s’approprier Bethsabée, la femme d’Urie, général de son armée, mais encore faire tuer celui-ci pour couvrir sa faute. Malgré ce meurtre, le renom de David reste intact pour Israël ; l’Ecriture annonce que le Messie attendu par Israël doit être de sa lignée, et les Evangiles n’hésitent pas à accorder le titre de Fils de David à Jésus.
C’est pourquoi nous nous interrogerons sur la figure de David telle qu'elle apparaît dans ces deux chapitres, nous demandant ce que cela nous révèle de la foi d'Israël.

La première lecture

Le texte est aisément compréhensible et d'une grande limpidité. Il serait possible d'y voir une pièce en quatre actes nettement marqués :

La foi de David et celle d'Israël

Si nous nous interrogeons sur ce qui est essentiel pour le texte, nous notons qu'il ne comporte pas une parole de jugement sur le péché de David, alors que la culpabilité de celui-ci est mise en relief par nombre de détails littéraires. En outre, il est affirmé que Dieu lui a pardonné. Cela nous dit qu'aux yeux des auteurs, le péché n'est pas le dernier mot du texte et ne doit pas l'être de la vie de David : il y a place pour un pardon bien que le texte nous ait décrit l'horreur de ses actions.

En revanche, le texte prend soin de rapporter longuement le dialogue avec ses serviteurs qui explique son attitude après l'annonce du châtiment. Les auteurs nous disent ainsi que c'est là qu'il faut chercher une des clés du texte  : elle est dans une leçon théologique.

Une leçon théologique

Une leçon théologique a pour but de dire quelque chose de Dieu et de l’homme. Ici, nous voyons un David capable de reconnaître son péché, et nous voyons qu’alors le pardon de Dieu est immédiat.
Plus loin, David s’humilie et implore la miséricorde de Dieu pour que son fils vive, faisant tout ce qu’il sent à sa portée pour exprimer son désir d’être seul touché par les conséquences de ses actes. Il y a là la conscience très belle que Dieu, le Seigneur, peut écouter l’homme. En même temps, après la mort de son fils, il ne prend pas le deuil : il a fait ce qu’il a pu, mais maintenant qu’il ne peut plus rien, autant vivre. Le texte nous montre un David qui, malgré toutes ses roueries et ses crimes, est aussi capable de droiture en reconnaissant sa faute, un David qui a foi en un Dieu est proche de l’homme, qu’on peut prier et dont on peut attendre miséricorde.

D’autres livres de la Bible – le Deutéronome ou Ezéchiel notamment – diront que les fils n’ont pas à payer pour leurs pères pas plus que l’inverse d’ailleurs. Mais on sent bien qu’ici ce n’est pas admis encore totalement par les auteurs. A une époque difficile où la mort était sans doute très présente, il n’était pas facile d’admettre que mort ou maladie ne soient pas la conséquence du péché. Dans l’Evangile de Jean, bien des siècles plus tard, les disciples de Jésus, devant l’aveugle-né, demanderont eux aussi : qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit devenu aveugle ? Et il faudra que Jésus leur réponde que ce n'est ni lui ni ses parents.
Le texte que nous lisons nous permet d'être témoins des tatonnements de la foi qui cherche à rendre compte de l'expérience de vie et de mort qui est au coeur de la vie de chaque homme ou femme.

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